Les changements se sont faits nombreux depuis les dernières semaines et s’adapter à tout cela peut être tout à fait déséquilibrant. S’adapter à un tel contexte n’est pas une tâche facile, surtout à l’adolescence. Certains voudront démontrer que le confinement ne les affecte pas, qu’ils sont bien à la maison et qu’ils maîtrisent très bien la situation. Par contre, pour plusieurs d’entre eux, cette adaptation quotidienne engendrera des réactions désagréables comme la peur, le stress ou l’anxiété, ainsi que de la colère et un fort sentiment d’impuissance.

Comment reconnaître les comportements symptomatiques chez mon jeune ?

D’un adolescent à l’autre, le contexte de pandémie sera vécu d’une manière différente. Toutefois, vous pouvez rester à l’affût des changements qui surviennent chez votre jeune sur le plan des comportements, de son attitude et de son humeur.

• Changements sur le plan émotionnel tels que : l’irritabilité, la colère, la déprime, le stress et l’anxiété, un sentiment de détresse;
• Apparition ou augmentation de difficultés de sommeil. Par exemple, une difficulté marquée à s’endormir ou un état de fatigue constant;
• Difficultés de concentration, par exemple lors de la réalisation d’une tâche ou corvée;
• Inquiétudes face au futur;
• Présence de symptômes physiques tels : maux de ventre, maux de tête, nausées, tension musculaire, etc.;
• Réduction de l’appétit;
• Perte d’intérêt pour les activités et/ou les amis;
• Difficultés sur le plan comportemental : opposition, impolitesse, procrastination, etc.;
• Sentiment d’invincibilité : rejet ou minimisation des impacts de la pandémie;
• Augmentation de la consommation de drogue et/ou d’alcool.

(Centre de recherche sur le stress humain, 2020; CHU Sainte-Justine, 2020; Institut Philippe-Pinel, 2020; Lupien, 2010)

Ouvrir la discussion avec l’adolescent

• Prendre le temps de discuter des mesures gouvernementales et des raisons de celles-ci;
• Accompagner votre adolescent dans sa recherche d’information et discuter avec lui si des questionnements surviennent;
• Vérifier sa compréhension des informations et règles, puis corriger au besoin les erreurs de compréhension;
• Soyezà l’écoute : si votre jeune vit du stress, de la colère ou de l’insécurité, soyez rassurants et à l’écoute de ses inquiétudes;
• Soyez un exemple : partager avec votre adolescent certains de vos questionnements et inquiétudes. À petite dose, cela l’aidera à comprendre votre position et normalisera ce qu’il ressent.

Dois-je m’inquiéter pour le développement de mon adolescent?

Bien qu’il soit normal pour l’adolescent de vivre des réactions diverses, il pourrait être important de consulter un professionnel. Si votre jeune présente un ou plusieurs des signes nommés précédemment et que cela semble nuire à son développement physique et/ou psychologique, il sera important d’envisager une rencontre avec un professionnel. D’ici cette possible prise en charge, nous vous proposons quelques conseils pratiques adressés à votre jeune dans la section suivante.

Trucs et astuces

Voici des pistes que vous pourriez proposer à votre adolescent afin de l’aider à traverser la crise.

Garder le contact

• Faire des appels virtuels avec tes amis via les différentes plateformes disponibles;
• Prendre des nouvelles des membres de la famille éloignée;
• Organiser des séances de jeux à distance avec tes amis;
• Ne pas trop s’isoler : malgré qu’un moment seul pour se recentrer peut être bénéfique, rester seul dans son coin peut avoir les résultats inverses;
• Garder le contact dans la maison : propose et planifie des idées d’activités à ta famille;
• Contacter au besoin une personne de référence ou un professionnel de la santé pour discuter.

Hygiène de vie

• Sommeil : malgré qu’il soit tentant de se coucher plus tard qu’en temps normal, conserver une routine de sommeil similaire à ce que tu avais avant la pandémie sera bénéfique tant pour ton humeur que ton corps. Un adolescent devrait dormir entre 8 et 11 heures;
• Alimentation : manger trois repas sains par jour pour garder ton énergie et essayer de manger à des heures régulières;
• Activité physique : bouge de façon régulière et à chaque jour si tu le peux (30 minutes minimum). Prends le temps d’aller marcher ou courir à l’extérieur, monte sur ton vélo ou pratique un entraînement à la maison. Il s’agit d’une des meilleures stratégies pour évacuer le stress et les frustrations;
• Prendre soin de soi : offre-toi des moments de tranquillité lorsque tu en ressens le besoin en allant lire un livre, en écoutant de la musique ou en dessinant. Faire des exercices de respiration abdominale lorsque l’on se sent surchargé est également une bonne solution à appliquer;
• Temps d’écran : ferme tes écrans au moins deux heures avant d’aller au lit et prends du temps pour déconnecter.

S’impliquer 

• Apporte ton aide aux gens de ton quartier, par exemple au faisant l’épicerie pour eux;
• Bénévolat : tu peux t’engager socialement auprès des gens plus vulnérables et ainsi contribuer au soutien dans ta communauté, et ce, tout en respectant les recommandations gouvernementales;
• Tu peux t’impliquer seul, mais tu peux également collaborer avec ta famille ou tes amis sur un projet commun.

Doser la recherche d’information 

• Limiter sa consommation des médias d’information : malgré que de rester informer est positif, lorsque trop exposé aux nouvelles négatives, on vivra plus d’inquiétude;
• Focaliser sur des informations justes : aller chercher à la source des nouvelles auprès de sources journalistiques fiables;
• Aller poser des questions à un adulte si certaines informations ne sont pas claires pour toi.

Mettre l’accent sur ce que l’on peut contrôler (et lâcher-prise sur le reste)

• Ton attitude au quotidien;
• Ta routine et ton hygiène de vie;
• Tes choix de passe-temps;
• Tes actions au quotidien (respecter les mesures gouvernementales, comment j’agis avec ma famille, etc.).

(CHU Sainte-Justine, 2020; Institut Philippe-Pinel, 2020; Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2020; Ordrepsy.qc.ca, 2020)

Vous reconnaissez votre adolescent dans un ou plusieurs points de cet article? Vous pensez que votre jeune pourrait bénéficier d’un soutien à l’externe? Les différents professionnels de la clinique Enoya peuvent vous aider comme parent et accompagner votre adolescent dans cette période de changements.

Alexandra Toupin, psychoéducatrice

En collaboration avec Jean-Sébastien Duguay, psychoéducateur