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Langage

Les enfants qui ont des difficultés de langage (autrefois appelés retard de langage) sont ceux qui n’ont pas le niveau attendu par rapport aux autres enfants dans un ou plusieurs volets du langage. Ils présentent un décalage par rapport à leur groupe d’âge. Pour certains, les difficultés se résorberont avec une stimulation ciblée, alors que d’autres auront besoin d’une intervention orthophonique intensive.

Les enfants qui ont un trouble développemental du langage (dyphasie ou trouble primaire de langage) sont ceux dont les difficultés persistent dans le temps malgré une intervention en orthophonie. Le développement langagier de ces enfants peut comporter des atypies et demandera un travail d’équipe entre l’enfant, les parents et les intervenants gravitant autour de la famille. Comme le trouble de langage persiste dans le temps, des interventions en orthophonie sont essentielles pour mettre en place des méthodes qui aideront l’enfant à progresser afin de le rendre autonome dans sa communication.

Causes du trouble développemental du langage

Les causes sont encore mal définies, mais une composante génétique est probable. En effet, les enfants qui ont des personnes ayant un trouble développemental de langage dans leur famille sont environ deux fois plus à risque de souffrir de trouble développemental du langage que ceux qui n’ont pas d’antécédents familiaux.

Qu’est-ce que le langage ?

Le langage est complexe et inclut plusieurs sphères. Certaines sphères sont plus apparentes et surtout, plus connues ! La facilité qu’a l’enfant à dire des mots avec les sons appropriés est certainement l’aspect le plus surveillé par l’entourage. La prononciation n’est pourtant qu’une facette du langage ! Lorsque l’orthophoniste évalue un enfant, elle porte attention aux volets suivants :

Les précurseurs à la communication

Dans un premier temps, dès son plus jeune âge, l’enfant développe des précurseurs ou prérequis à la communication. Par exemple, il peut suivre le regard d’une personne, lui faire des sourires et faire des bruits avec sa bouche. Aussi, il partage des moments d’échange avec des personnes familières en imitant, en cherchant l’attention et en échangeant des jouets avec les autres. Peu à peu, il se met à pointer pour obtenir ce qu’il veut, pour montrer quelque chose et prend la main de son parent pour demander une action. L’enfant commence donc très tôt à développer son langage, bien avant de comprendre et de parler avec des mots propres à la langue qui l’entoure.

La sphère expressive

  1. La phonologie (la prononciation)

Réfère à la capacité de distinguer tous les sons de la langue, de se faire une représentation mentale de la séquence des sons dans un mot afin de pouvoir bien le prononcer. Au fur et à mesure que l’enfant développe et utilise son vocabulaire, il affine sa façon de prononcer les mots. Ainsi, un enfant peut dire « to » pour produire plusieurs mots comme « bateau » « auto » « mouton »… et, à force de les utiliser, il apprendra à produire tous ces mots de façon de plus en plus précise afin de les distinguer.

  1. La morphosyntaxe (les phrases)

Réfère à l’ensemble des structures permettant de construire des phrases et des énoncés. L’enfant commence par s’exprimer avec des mots simples (ex. maman, bateau) et ensuite par des combinaisons de mots. Peu à peu, il ajoute des mots pour produire une idée plus complexe et précise comportant tous les constituants de la phrase (ex. Jus. Veux jus. Veux jus d’orange. Je veux du jus d’orange.).

  1. Le contenu (le vocabulaire)

Les mots que l’enfant utilise constituent son vocabulaire (lexique). Au début, un enfant imite les mots qu’il entend et les associe à un objet, une action, un concept. Après un certain nombre d’expositions, il peut réutiliser ces mots par lui-même et c’est à ce moment qu’on dira qu’ils font partie de son vocabulaire.

  1. L’utilisation (les interactions)

Réfère aux aspects sociaux et fonctionnels de la communication. L’enfant utilise le langage pour différentes raisons : pour faire des demandes, pour exprimer un refus, pour initier un contact social, etc. Dans les interactions, certaines habiletés sont cruciales pour développer une bonne communication avec l’entourage comme maintenir un bon contact visuel, dire « bonjour » et « bye bye » et répéter un mot si quelqu’un ne le comprend pas.

La sphère réceptive (la compréhension)

La compréhension de l’enfant inclut ce que l’enfant comprend du monde qui l’entoure. La sphère réceptive comprend les quatre (4) mêmes composantes que la sphère expressive. L’enfant peut donc avoir des difficultés de compréhension variées (ex : identifier les images, les consignes qu’on lui demande, les questions qu’on lui pose, les histoires qu’on lui raconte, etc.).

Voici quelques repères développementaux et les signes à reconnaître en cas d’une possible problématique:

De 1 ½ à 2 ans

  • Vocabulaire : Premiers mots (maman, papa, encore).
  • Sons: Les sons plus faciles : « p,b,m,t,d,n » (bateau, mouton).
  • Phrases: Petites combinaisons de 2-3 mots Ex: Papa parti. C’est là. Encore du jus.
  • Interaction: Veut parler et est intéressé à communiquer.
  • Compréhension: Reconnaît les parties du corps et pointe des images dans un livre.

Signaux d’alarme : 

  • Pas d’explosion de vocabulaire.
  • Produit peu de sons.
  • Aucune combinaison de mots.
  • Ne semble pas intéressé par les autres.
  • Ne comprend pas les routines et les consignes simples.

2 à 3 ans

  • Vocabulaire: Connaît de plus en plus de mots et utilise des verbes (mange, boit, court, monte, vole, etc).
  • Sons: Nouveaux sons : « k,g » (cadeau, sac, requin, gâteau).
  • Phrases de 3-4 mots. Ex: Maman mange un gâteau. Viens ici Papi. Moi veut auto.
  • Interaction: Pose des questions (Quoi ça? Où auto?).
  • Compréhension: Comprend les consignes plus longues. Ex: Va chercher une auto et un camion.

Signaux d’alarme : 

  • Moins de 100 mots
  • Transforme plusieurs sons
  • Ne produit aucune phrase complète
  • Initie peu les échanges
  • Ne suit pas de consignes simples comportant 2 éléments.

3 à 4 ans

  • Vocabulaire plus précis.
  • Sons: Produit les sons « s,z,f,v, l ».
  • Phrases complètes au présent, passé, futur. Ex : Je veux mon manteau. Il est tombé sur la glace. On va laver mon toutou.
  • Interaction: Aime faire des commentaires et transmettre ce qu’il connaît.
  • Compréhension: Comprend la plupart des questions et des histoires qu’on lui raconte.

Signaux d’alarme : 

  • Utilise beaucoup des mots vagues comme « ça, ici, là ».
  • 3 ans : les personnes non familières comprennent moins de 75% de ce qu’il dit.
  • Phrases incomplètes.
  • Ne pose pas de questions.
  • Ne comprend pas les concepts spatiaux (en-dessous, à côté, en-arrière, etc).

4 à 5 ans

  • Vocabulaire: Concepts de temps (hier, demain), de lieux (en-arrière) et de nombre (compte jusqu’à 5).
  • Sons: Produit le « r » (ex. rouge, raison, pirate).
  • Phrases: Formule des phrases complexes et complètes sans beaucoup d’erreurs.
  • Interaction: Conversation sur un même sujet dure plus longtemps.
  • Suit des consignes à plusieurs étapes. Ex: Va chercher ton manteau et vient le mettre sur le tapis.

Signaux d’alarme : 

  • Cherche beaucoup ses mots.
  • On ne le comprend pas bien généralement.
  • Phrases courtes avec des erreurs fréquentes.
  • Ne peut maintenir un sujet de conversation.
  • Ne suit pas les consignes longues.

Quoi faire pour aider

1) Pour favoriser la compréhension de l’enfant :

  • Ralentir le débit.
  • Raccourcir les phrases.
  • Accompagner vos mots de visuel (ex: mimer le verbe, pointer les objets, les images).
  • Articuler distinctement.

2) Pour favoriser le vocabulaire de l’enfant :

  • Offrir une exposition très fréquente aux nouveaux mots.
  • Faire le lien avec du vécu de l’enfant ou avec ce qu’il connaît déjà.
  • Fournir à l’enfant l’occasion de réentendre un nouveau mot et de l’utiliser dans les jours qui suivent.
  • Lire des livres.

3) Pour favoriser les phrases

  • Reformuler les phrases de l’enfant.
  • Accentuer un ou deux éléments, maximum dans la phrase.
  • Répéter souvent les mêmes phrases, sans nécessairement lui demander de les répéter.

4) Pour favoriser les sons

  • Exagérer l’articulation.
  • Amener l’enfant à regarder votre bouche.

5) Pour favoriser les interactions

  • Faire des jeux impliquant des tours de rôle.
  • Raconter des histoires ensemble.
  • Jouer à des jeux de bonshommes en inventant des scénarios.

Prise en charge

Lorsque des difficultés de langage sont suspectées, une évaluation en orthophonie permet de tracer un portrait précis des difficultés langagières et d’établir un plan d’intervention. Pour les enfants de 18 mois à 5 ans, l’évaluation initiale est d’une durée variant entre une et deux heures. L’orthophoniste évalue alors les deux sphères (compréhension, expression) et leurs composantes en observant l’enfant en contexte de jeux et de conversations. Il peut utiliser des outils d’évaluation standardisés et des questionnaires et réalise toujours une entrevue auprès des parents. Un rapport d’évaluation est ensuite rédigé, remis et expliqué aux parents.

Le déroulement d’une séance

L’orthophoniste qui travaille auprès des enfants de 18 mois à 5 ans est un professionnel de la santé qui utilise le jeu comme outil d’évaluation, mais également comme modalité d’intervention. C’est donc à travers le jeu ou avec une approche ludique que l’orthophoniste intervient auprès de l’enfant afin qu’il développe ses habiletés communicationnelles et son langage dans le plaisir! Le parent qui accompagne l’enfant est invité à participer activement aux séances d’intervention, car son rôle est crucial dans la poursuite des objectifs à la maison. La durée d’une rencontre est d’environ 1 h. Elle inclut un retour avec les parents sur les progrès de l’enfant depuis la dernière rencontre, des activités pratiques avec l’orthophoniste, l’enfant et le parent, des conseils sur la façon d’ajuster le niveau de difficulté des activités en fonction de l’enfant et des suggestions visant à faciliter leur intégration au quotidien.

Pour toutes questions concernant cette problématique ou le service d’orthophonie, n’hésitez pas à communiquer avec nous par téléphone ou par courriel.