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Anxiété et petite enfance

L’anxiété ne nous semble pas bien se conjuguer avec petite enfance…surtout l’anxiété telle que nous la percevons habituellement : désagréable et invalidante. Toutefois, l’anxiété fait bel et bien partie du développement du tout-petit, apparaissant dans les différentes étapes qui mènent de la dépendance à l’autonomie entre 0 et 6 ans. Point de vue sur l’anxiété dans le développement psychoaffectif de l’enfant.

Anxiété face l’étranger : J’ai peur de ne pas te revoir…

Autour de 9 mois, l’enfant vit ses premières réactions d’anxiété devant les personnes ou les situations qu’il ne connait pas : pleurs, cris, mouvements de protestation signaleront le malaise qui l’envahit. Cette peur normale face à ce qui est étranger peut durer, bien qu’en s’atténuant, jusqu’à l’âge de 18 mois. D’une part, elle témoigne de la reconnaissance des personnes importantes de sa vie, et de son attachement à ces personnes. Il sait très bien qui est papa, maman, ou la gardienne qu’il voit régulièrement, et il s’inquiète de leur absence ou de la présence un peu trop intéressée d’une nouvelle personne. D’autre part, elle parle de la maturité cognitive du tout-petit, qui l’amène à croire que ce qui est disparu de sa vue, n’existe plus : pas surprenant qu’il soit perturbé devant le départ des personnes connues. Progressivement, il développera la « permanence de l’objet », ce qui contribuera à le rassurer. En attendant, on peut l’aider:

  • En donnant du temps pour approcher et apprivoiser les nouvelles personnes ou les nouveaux lieux;
  • En encourageant les courtes séparations, en compagnie de personnes connues;
  • En disant « au revoir » à l’enfant lorsqu’on part ; les départs à la sauvette évitent des pleurs mais minent la relation de confiance;
  • En jouant à « coucou » ou à la cachette : l’enfant apprend ainsi que ce qui disparaît revient;
  • En introduisant un objet transitionnel qui permet de prolonger la présence du parent durant son absence.

Anxiété d’abandon : J’ai le goût, mais j’ai peur d’être grand…

L’étape de l’acquisition d’une plus grande autonomie vers 2-3 ans est aussi une source d’anxiété. Le tout-petit, déjà plus grand, veut décider, veut faire les choses seul, veut s’affirmer. Ce désir de faire partie du monde des grands comporte toutefois son lot d’échecs et de frustrations. L’ambivalence caractéristique de cet âge (vouloir et ne pas vouloir, parfois en même temps) est le reflet de l’ambivalence ressentie par l’enfant entre grandir et rester petit. Comment vont réagir les adultes qu’il aime face à son désir d’autonomie : conservera-t-il leur attention et leur affection ? Perdra-t-il leur considération s’il ne réussit pas? L’enfant maintenant conscient qu’il est une personne distincte peut craindre l’abandon de l’adulte s’il se sépare de lui. On le soutient dans sa recherche d’autonomie en évitant les « menaces d’abandon » pour obtenir la collaboration ou l’obéissance et en multipliant les occasions de choix qui permettent de s’affirmer tout en conservant l’affection de l’adulte.

 

Rivalité, culpabilité et anxiété : J’ai peur d’être puni…

L’enfant entre 3 et 5 ans vit une nouvelle étape de développement qui amène une augmentation des peurs de toutes sortes. L’agressivité ressentie envers un frère ou une sœur, en particulier un nouveau-né, peut se transformer en peur. La rivalité du garçon envers son père alors qu’il souhaite prendre sa place comme amoureux de sa mère (et vice-versa pour la fille) engendre un sentiment de culpabilité puisque l’enfant continue d’aimer chacun de ses parents. Ces situations provoquent l’émergence de peurs qui s’alimentent dans la difficulté de l’enfant de cet âge à distinguer la réalité et l’imaginaire : une méchante sorcière n’est-elle pas susceptible de lui jeter un sort pour le punir ? Des monstres peuvent-ils se cacher dans sa garde-robe et le surprendre s’il s’est mal comporté ? La peur, plus acceptable que l’agressivité aux yeux des parents et de l’enfant, permet d’obtenir rassurance et réconfort.

Pour franchir plus facilement cette étape, l’enfant bénéficiera:

  • D’être rassuré sur l’affection qu’on lui porte tout en interdisant les comportements inacceptables;
  • D’une discipline, de routines et de rituels rassurants;
  • Qu’on tente d’identifier ce qui se cache derrière les peurs;
  • De comprendre la différence entre les liens qui unissent ses parents entre eux et avec lui;
  • Qu’on évite de répondre à ses attitudes de séduction, en maintenant un rapport parent-enfant chaleureux.

L’anxiété, si elle est perçue comme faisant partie du développement normal de l’enfant entre 0 et 6 ans, peut déjà nous sembler moins éprouvante. De plus, les adultes, par des attitudes favorables, peuvent jouer un rôle important dans la résolution des défis liés aux étapes de développement, contribuant ainsi à une diminution de l’anxiété et à une acquisition de l’autonomie.