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chenille crayon

Par Catherine Diop, ergothérapeute

Vous vous souvenez de vos premiers pas dans le monde scolaire? Les marches de « l’autobus jaune » gravies pour la toute première fois, l’écho des rires dans la cour d’école, l’odeur des crayons fraîchement taillés ou des feutres parfumés au raisin, l’enthousiasme… ou les craintes suscitées par tant de nouveautés? Lorsqu’il est question d’école, outre ces souvenirs propres à chacun, on songe souvent d’abord aux apprentissages et à leurs composantes cognitives : savoir compter, apprendre l’alphabet, connaître les formes et les solides… Pour réussir ces apprentissages que l’on construit brique par brique, mieux vaut avoir des fondations bien solides!

À l’école, on bricole!

Parmi l’éventail d’expériences que vivront les enfants au cours de la maternelle, la majorité de celles-ci impliqueront la motricité fine. Si l’enfant éprouve des difficultés pour ce type d’activités, il pourrait se décourager et se désinvestir des tâches scolaires. Avoir expérimenté l’utilisation du crayon et des ciseaux préalablement à l’entrée en maternelle sera donc un atout important dans sa boîte à outils. Pour l’utilisation des ciseaux, voici quelques trucs qui pourraient être bien utiles :

  • Si l’enfant a de la difficulté à conserver la main en position verticale, on peut lui placer un petit autocollant sur l’ongle du pouce et lui rappeler qu’il doit toujours être dirigé vers le haut.
  • On l’encourage à tourner la feuille ou le carton plutôt que les ciseaux.
  • Pour faciliter les changements de direction, on place un repère à chaque coin (ex : une pastille autocollante ou un trou fait à l’aide d’un poinçon).

Quant au crayon, on souhaite habituellement qu’il soit tenu à environ 1 pouce de la pointe, avec 3 ou 4 doigts. Ce qui compte toutefois encore davantage, c’est que les mouvements ne soient pas effectués de façon globale avec tout le bras, mais avec des mouvements que l’on dit dissociés au poignet et aux doigts, qui permettront de gagner de la fluidité et de la précision. Pour cela, l’appui de l’avant-bras sera essentiel. Pour préparer la main et faciliter l’utilisation du crayon, voici quelques activités ou trucs qui pourraient vous intéresser :

  • Encourager à prendre le crayon avec la pince de crabe (pouce-index) et à placer le majeur sous le crayon. Dans cette position, on fait la « chenille » : les doigts avancent tranquillement jusqu’à la mine, puis reculent vers l’autre extrémité du crayon.
  • Faire des bisous aux doigts  avec le pouce: le pouce va toucher à l’extrémité de chaque doigt, de l’index à l’auriculaire, en faisant un bruit de bisou.
  • Si l’enfant place ses doigts trop haut sur le crayon, on peut lui placer un repère visuel tel qu’un petit autocollant à environ 1 pouce de la pointe.
  • Faire des activités de tracés et de coloriage couché sur le ventre. L’avant-bras sera alors en appui au sol, ce qui encouragera les mouvements du poignet et des doigts, plutôt que les mouvements du bras en entier.

Les activités de bricolage amèneront également l’enfant à être en contact avec diverses textures, telles que la colle, les cure-pipes et la peinture à doigt, pour n’en nommer que quelques-uns. La tolérance à diverses textures est donc un élément important pour rendre les expériences d’apprentissage aussi agréables et bénéfiques que possible. Sans compter que les stimuli tactiles peuvent contribuer à développer la discrimination tactile de l’enfant et ainsi préparer ses petites mains pour les activités de motricité fine telles que le coloriage, les tracés et la manipulation des petites attaches lors de l’habillage. Durant l’été, profitons donc du soleil pour faire la brouette dans le gazon ou tracer des formes dans le bac de sable. Si l’enfant est très sensible aux stimuli tactiles et que le contact avec le sable est trop inconfortable, on peut lui proposer un intermédiaire tel qu’une cuillère en bois ou un gant avant de lui proposer un contact direct avec sa peau. Lors des journées pluvieuses, la peinture à doigt (ajoutez-y du sable pour une variante étonnante!) ou le tracé de formes dans de la crème fouettée ou de la crème à raser pourraient être des activités amusantes pour amener l’enfant à explorer diverses textures.

Et la position assise?

À l’aide des muscles du tronc et de ceux qui entourent les grandes articulations du tronc telles que l’épaule et l’omoplate, l’enfant peut  obtenir suffisamment de stabilité pour maintenir la position assise pendant une longue période. Ce contrôle postural soutient l’acquisition des mouvements fins aux extrémités. On profite donc de l’été pour suggérer aux enfants des activités qui sollicitent les muscles responsables du contrôle postural. Des exemples?

  • La brouette : On tient l’enfant par les pieds et il avance en marchant sur ses mains (on peut le tenir plus près des genoux si cette activité est difficile et qu’il arque le dos).
  • La fourmi : À quatre pattes, l’enfant transporte des objets peu pesants sur son dos, sans les faire tomber.
  • Superman : Couché sur le ventre, l’enfant soulève les bras et les jambes en extension et vole dans le ciel (seul le ventre et les hanches touchent au sol).

Prêt pour la maternelle!

Pour certains enfants, l’entrée à l’école se fera de façon toute naturelle, tandis que d’autres auront parfois besoin d’un petit coup de pouce. Ces quelques trucs aideront certainement les tout-petits à se préparer pour la maternelle. Si les difficultés persistent ou sont de nature plus importante, n’hésitez pas à contacter un ergothérapeute, qui saura vous accompagner afin de construire des fondations solides sur lesquelles l’enfant pourra appuyer ses apprentissages pour les années à venir.