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QUAND UN ENFANT NE MANGE PAS : QUI ET QUAND CONSULTER?

Boire et manger sont des activités essentielles à la croissance et au développement. Saviez-vous cependant que les troubles d’alimentation touchent plus du tiers des 0-18 ans présentant déjà un trouble du développement (33% à 80% selon le diagnostic) et environ le quart (25%) des enfants en bonne santé? Outre une tension familiale accrue à l’heure du repas, les difficultés alimentaires peuvent avoir pour conséquences :

  • Des vomissements/des hauts-le-cœur fréquents
  • Une diminution de l’appétit et du plaisir à manger
  • Une perte de poids ou des difficultés à suivre sa courbe de croissance
  • Un état de santé global compromis en raison d’une carence, particulièrement en vitamines et/ou minéraux
  • Des étouffements, de la toux, une voix différente, «mouillée», après le repas
  • Des bronchites ou des pneumonies fréquentes
  • De la douleur, des pleurs
  • Des comportements d’opposition et/ou d’évitement
  • L’isolement social (évitement des périodes de repas ailleurs qu’à la maison par exemple: au restaurant, chez un ami)
  • Un refus complet de s’alimenter
  • Etc.

Beaucoup de parents croient que l’alimentation est innée ou instinctive et que peu importe la situation, l’enfant finira par manger de lui-même. Détrompez-vous! Ceci représente un mythe largement véhiculé dans le domaine de l’alimentation. Voici quelques autres mythes utiles à connaître. Manger est, en réalité, un comportement acquis. Un enfant apprend à manger, il peut donc apprendre à ne pas manger, selon les circonstances de sa vie.

Différents signes permettent d’identifier de façon précoce certains facteurs de risque pouvant mener à des difficultés d’alimentation chez un enfant. Ces signes devraient amener à consulter promptement avant que le problème ne devienne plus important. En voici quelques-uns :

En bas âge (0-2 ans):

  • Présente de la difficulté aux boires (pauvre succion, fatigabilité, faible quantité à la fois, etc.)
  • Porte peu ou ne porte pas les jouets à sa bouche
  • Présente une incapacité ou des difficultés marquées à accepter les transitions de textures (purées lisses vers purées texturées ou aliments hachés, le plus fréquemment)
  • Refuse de manger un groupe alimentaire en particulier
  • Mange moins de 20 aliments à l’âge d’un an, et ce, sur une période de plus d’un mois
  • Démontre peu d’intérêt pour la nourriture
  • Cesse de manger certains aliments et ne les réintroduit pas dans son alimentation, diminuant progressivement le nombre d’aliments acceptés
  • Garde des aliments très longtemps dans sa bouche sans les avaler (plus de 10 minutes)
  • Mange de façon prolongée de la nourriture pour bébés (encore après l’âge de 16 mois; purées, céréales, etc.)

À l’âge préscolaire (2-4 ans):

  • S’oppose de façon marquée ou refuse catégoriquement de boire ou de manger à l’occasion
  • Exige les mêmes ustensiles, la même disposition, la même routine, etc. pour tous les repas
  • Éprouve de la difficulté à mastiquer ou est incapable de mastiquer des aliments durs ou très collants (par exemple de la viande, de la réglisse, des légumes crus – après 4 ans)
  • Est incapable ou résiste fortement à changer la marque d’un produit déjà accepté (par exemple : mange seulement du fromage Petit Québec, mais aucun autre cheddar doux)
  • Demeure à la table pour le repas plus de 45-60 minutes
  • Présente des difficultés à imiter les expressions faciales ou les grimaces dans un contexte de jeu
  • Présente un écoulement salivaire au-delà de l’âge de 4 ans

Il est à noter que certaines conditions prédisposent aussi les enfants à vivre des défis alimentaires tels que la prématurité, les reflux gastro-œsophagiens et les expériences négatives face à la nourriture (par exemple : un ou des épisode(s) d’étouffement, des punitions à répétition, des vomissements et hauts-le cœur fréquents, etc.). Il est donc conseillé de redoubler de vigilance dans ces cas particuliers.

Causes et traitements :

Les problèmes d’alimentation ont généralement pour cause des difficultés oro-motrices, des particularités sensorielles ou des problèmes comportementaux. Le plus souvent, ils sont le résultat d’une combinaison de ces causes. Les principaux professionnels impliqués dans le traitement des difficultés d’alimentation sont l’ergothérapeute, la nutritionniste, l’orthophoniste et la psychologue, selon leur expertise professionnelle respective.

Il est fréquemment véhiculé que l’ergothérapeute sera davantage impliquée dans l’évaluation et le traitement des difficultés d’ordre sensoriel, que l’orthophoniste s’attardera particulièrement aux aspects oro-moteurs (étroitement liés à la mécanique de la parole) et à la déglutition et que la psychologue s’occupera des aspects comportementaux. Toutefois, les rôles des professionnelles diffèrent selon le milieu de travail et l’expertise développée par chacune. De plus, il est tout à fait indiqué pour une de ces professionnelles d’évaluer et de traiter des difficultés alimentaires de causes variées si l’expérience et les connaissances cumulées au cours des années la rendent compétente à le faire. Quoi qu’il en soit, pouvoir compter sur une nutritionniste à l’intérieur de l’équipe est un atout non négligeable pour l’évaluation de l’état nutritionnel de l’enfant, la surveillance de sa croissance et de ses apports en différents nutriments nécessaires à sa santé.

Si vous avez des questions sur le développement de votre enfant et ses habilités à s’alimenter, n’hésitez surtout pas à contacter notre équipe multidisciplinaire qualifiée et dynamique. Il nous fera plaisir de répondre à toutes vos questions.

Référence :

1. Burklow, Phelps, Schultz, McConnell, & Rudolph, 1998; Linscheid, 2006