Nombreux sont les enfants qui sont impatients de faire leur entrée en première année. Avec leurs sourires troués et leurs sac-à-dos disproportionnés, ils ont hâte d’apprendre à lire et à écrire comme les grands.
On sous-estime parfois à quel point l’apprentissage de l’écriture manuelle est complexe. Non seulement les enfants doivent comprendre l’association entre les lettres et leur son (ce qu’on appelle la conscience phonologique), mais ils doivent en même temps intégrer le tracé moteur de chacune des lettres, comprendre l’utilisation des trottoirs d’écriture, et même assimiler les principes de base de l’orthographe et de la grammaire. Une tâche colossale pour des petits!
Cap sur la graphomotricité
Le terme graphomotricité fait référence à la production et à la maîtrise du geste moteur qui est requis lorsqu’on écrit. Pour les adultes, cette portion de l’écriture manuelle devient quasiment inconsciente, puisque automatisée. En effet, si vous complétez un formulaire, vous ne devrez pas réfléchir au tracé de chacune des lettres avant de les écrire (le « a » débute-t-il par le haut ? par le bas?) ni à la direction dans laquelle votre crayon devra tourner pour former les lettres. Vous avez fait ces gestes des milliards de fois et votre main est capable de retrouver son chemin sans que vous deviez y porter attention.
Il faut penser, toutefois, que pour l’enfant qui apprend à écrire, il en est autrement. Tout est nouveau ! La simple action de tracer les lettres lui demande de la concentration, ce qui le place fréquemment, voire constamment, en double tâche cognitive – c’est-à-dire qu’il doit à la fois réfléchir et gérer les éléments moteurs de l’écriture (graphomotricité), mais aussi les aspects langagiers liés à l’écriture. De quoi avoir les neurones en ébullition!
Marcher avant de courir
Alors que cet apprentissage évolue bien au fil des semaines et des mois pour la plupart des enfants, il arrive parfois que le cerveau ait tout simplement trop d’informations à traiter à la fois. Cela peut engendrer des difficultés à l’écriture manuelle telles que de la lenteur, des patrons de lettres inadéquats ou un manque de lisibilité. Plusieurs facteurs peuvent par ailleurs contribuer à ces enjeux : faible intérêt pour la tâche, retards de motricité fine entraînant des difficultés pour la prise du crayon, difficultés visuoperceptuelles, particularités sensorielles diminuant la disponibilité pour les apprentissages, présence de troubles d’apprentissage tels que la dyslexie et dysorthographie…
Que faire pour aider l’enfant pour qui l’écriture manuelle devient une vraie corvée? Une étape à la fois; un peu comme lorsqu’on apprend à lacer ses souliers ou à faire du vélo! Plus précisément :
- Donner des opportunités de pratique fréquentes et répétées : il ne suffit pas de passer quelques minutes en classe sur le tracé de la lettre « b » pour qu’il soit automatiquement acquis! Revenez-y souvent avec votre enfant. Pour faciliter la motivation, variez les médiums utilisés : on peut tracer des lettres dans le sable, la neige, sur le trottoir avec des craies, avec de la peinture, ou même former les lettres en plasticine… les possibilités sont infinies!
- Utiliser de grands mouvements facilite l’enregistrement des directions associées aux tracés de lettre. En effet, les grands mouvements sollicitent davantage de muscles et d’articulations, ce qui envoie un message plus grand au cerveau et en facilite l’encodage. Pour ce faire vous pouvez faire écrire en gros dans une fenêtre avec des crayons spéciaux, tracer les lettres dans les airs avec une baguette magique, etc.
- Encourager l’enfant à s’auto-évaluer par rapport à ses tracés de lettres pour l’amener à s’améliorer sans le démotiver. Pour ce faire, vous pouvez lui demander d’encercler les plus belles lettres qu’il a tracées ou de compter combien de « lettres championnes » il a tracées et soulignez ses réussites.
Écriture scripte ou cursive ?
Y a-t-il un type d’écriture meilleur que l’autre? Il n’y a actuellement pas de consensus sur la comparaison de ces deux styles d’écriture. Toutefois, plusieurs études ont démontré que l’enseignement d’un seul style d’écriture – qu’il soit script ou cursif – favorise une meilleure vitesse d’écriture et une automatisation du geste graphomoteur plus rapidement. Une fois que le geste graphomoteur est automatisé, l’enfant n’a plus à accorder d’attention aux mouvements de son crayon, ce qui lui laisse plus de ressources cognitives pour gérer la grammaire, l’orthographe… Bref, ceci donne un très bon coup de pouce pour la réussite scolaire !
Et l’ergothérapie dans tout ça?
L’ergothérapeute est un professionnel de la santé qui est formé pour aider les enfants présentant notamment des retards ou des défis d’écriture manuelle interférant avec leur rendement scolaire. En effet, son rôle consiste à s’assurer que les préalables nécessaires (sensoriels, perceptivo-cognitifs, moteurs, etc.) aux différents apprentissages sont bien en place et, en cas de besoin, à aider l’enfant à les développer. Si vous avez des inquiétudes par rapport à l’écriture manuelle de votre enfant, n’hésitez pas à nous contacter!
Référence
- COALLIER, M. et ROULEAU, N. (2021) Le point sur la graphomotricité, Ordre des ergothérapeutes du Québec, 25075_OEQ_Graphomotricite_EP05.indd
- Schwellnus H., CAMERON, D. ans Carnahan, H. (2012) : Which to Choose : Manuscript or Cursive Handwriting? A review of Literature, Journal of Occupational Theray, Schools ans Early Intervention, 5:3-4, 248-258