Le traitement de l’information sensorielle implique deux mécanismes : la modulation sensorielle et la discrimination sensorielle. Par la modulation sensorielle, le système nerveux traite les stimuli provenant de l’environnement et transmis par les sens, puis commande une réponse sociale, émotive ou comportementale. Cette modulation permet ainsi à l’enfant de demeurer dans un état d’éveil optimal et de maintenir un niveau de vigilance approprié. Elle permet de filtrer les stimuli afin de porter attention uniquement aux stimuli pertinents à l’activité en cours, et de répondre à ceux-ci de façon appropriée. Quant à la discrimination sensorielle, elle permet de distinguer et d’interpréter les caractéristiques de divers stimuli afin d’interagir de façon appropriée et avec aisance avec l’environnement social et physique.
Lorsque des difficultés de traitement de l’information sensorielle sont présentes, cela peut affecter un ou plusieurs sens, soit la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, mais également deux sens moins connus : la proprioception et le système vestibulaire. La proprioception provient de petits récepteurs au niveau des muscles, tendons et ligaments. Elle permet de sentir la position des parties de notre corps afin de planifier adéquatement nos mouvements et d’effectuer ceux-ci avec une amplitude et une direction précise. Quant au système vestibulaire, dont le siège est dans l’oreille interne, il contribue à la sensation de mouvement dans l’espace et d’équilibre. Il agit un peu comme un GPS corporel, c’est-à-dire qu’il nous informe sur les déplacements dans l’espace : de haut en bas, d’avant en arrière, d’inclinaison et de rotation.
Il est normal d’avoir certaines préférences et certains inconforts sensoriels. Par exemple, ne pas aimer la texture des huîtres ou préférer le coton à la laine. On parle toutefois de difficultés de traitement de l’information sensorielle lorsque les réactions de l’enfant l’empêchent de bien fonctionner dans ses activités. Dans certains cas, l’enfant réagit à certains stimuli plus intensément, plus rapidement ou sur une période plus longue que ce qui est habituellement attendu. Il peut percevoir certains stimuli comme une agression ou une menace. Il s’agit alors d’hyperréactivité (parfois nommée hypersensibilité). À l’opposé, certains enfants ont besoin d’une plus longue exposition à un stimulus, d’une plus grande fréquence ou d’une plus grande intensité pour traiter l’information sensorielle et y répondre. C’est ce qu’on appelle l’hyporéactivité (parfois nommée hyposensibilité). Ces enfants semblent parfois léthargiques, car les stimuli sont insuffisants pour générer une réaction et les maintenir dans un état d’éveil et de vigilance. Ils peuvent toutefois au contraire adopter des comportements de recherche sensorielle, c’est-à-dire rechercher divers stimuli afin de maintenir cet état d’éveil et de vigilance (ex. : mâcher le bout du crayon, bouger continuellement, faire des bruits de bouche, préférer les aliments croquants ou épicés, etc.).
Impact au quotidien
Lorsque des difficultés de traitement de l’information sensorielle sont présentes, cela affecte un grand nombre d’activités au quotidien. Par exemple, l’hyporéactivité peut amener l’enfant à avoir une pauvre représentation de son schéma corporel et une certaine maladresse, amenant ainsi une difficulté d’acquisition de l’autonomie pour
certaines tâches (ex. : habillage, déplacements dans les escaliers, apprentissage de la propreté). Chez un enfant présentant des comportements de recherche sensorielle, les relations sociales sont parfois affectées puisque certains comportements peuvent être socialement inacceptables (ex. : jouer à se bousculer, chercher à faire du bruit, faire de nombreux câlins à ses pairs, tourner sur soi, etc.). Quant à l’enfant présentant une hyperréactivité, il peut vivre des inconforts ou même de l’anxiété dans des situations que d’autres qualifieraient de normales, confortables ou agréables. Par exemple, il se peut que des inconforts soient provoqués par les étiquettes ou les appliqués sur les vêtements, les soins d’hygiène, certaines textures alimentaires, l’éclairage intense, les voyages en voiture, les jeux impliquant du mouvement, les bruits forts, etc. Des difficultés sont souvent présentes dans les contextes de nouveauté ou lors des transitions, car l’enfant appréhende, souvent inconsciemment, d’être confronté à des situations inconfortables.
La prise en charge
La prise en charge débute par une évaluation d’une durée d’environ 1 heure. L’ergothérapeute s’intéresse alors aux réactions de l’enfant dans des situations impliquant les différents systèmes sensoriels. Il fait de nombreuses observations en cours d’activités, utilise des outils d’évaluation reconnus et standardisés, divers questionnaires, et procède à une entrevue avec les parents. Au besoin, l’évaluation peut être réalisée dans le milieu naturel de l’enfant, c’est-à-dire à la maison, à l’école, dans son milieu de garde, etc.
Un rapport d’évaluation est ensuite rédigé et remis aux parents lors d’une rencontre-bilan. Cette rencontre vise à présenter les résultats obtenus et les recommandations, de même qu’à discuter des priorités d’intervention. Elle constitue également le moment idéal pour répondre aux questions des parents et suggérer quelques activités à réaliser au domicile afin de soutenir les objectifs poursuivis.
Le déroulement d’une séance
L’objectif du suivi en ergothérapie auprès de l’enfant présentant des difficultés sensorielles est d’amener une réponse appropriée aux différents stimuli sensoriels et des comportements permettant à l’enfant de s’adapter à son environnement et de bien fonctionner dans ses activités quotidiennes, que ce soit à l’école ou à la garderie, dans ses loisirs ou à la maison (ex. : habillage, alimentation, soins d’hygiène, sommeil, etc.).
Dans une approche ludique, l’ergothérapeute offre des stimulations sensorielles ciblées à l’enfant afin de répondre à ses besoins sensoriels et de créer des changements dans la façon dont son système neurologique traitera l’information sensorielle. Il suggère aussi des stratégies ainsi que des modifications à apporter à l’environnement afin d’augmenter le confort ou de favoriser un état d’éveil et de vigilance optimal. Une réévaluation est faite à chaque rencontre afin d’adapter les interventions selon la progression de l’enfant et les changements observés. Des activités à réaliser au domicile sont également suggérées aux parents afin d’optimiser la réadaptation de l’enfant.
Pour toute question concernant ce type de problématique ou le service d’ergothérapie, n’hésitez pas à communiquer avec nous par téléphone ou par courriel.