Les enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) peuvent rencontrer plusieurs défis dans leur fonctionnement quotidien et dans leur intégration dans leurs différents milieux de vie (garderie, école, camp de jour) en raison de leurs différences développementales. Cela peut se traduire, par exemple, par des retards dans l’acquisition de l’autonomie (ex. : être capable de s’habiller seul), des difficultés avec la régulation de leurs émotions, les relations avec les pairs, ou encore pour la gestion des transitions.
Les parents se retrouvent souvent bombardés de références à différents professionnels – orthophonistes, ergothérapeutes, neuropsychologues, psychoéducateurs – et cela peut rapidement devenir un vrai casse-tête de s’y retrouver! Le but du présent article est de répondre à la question suivante : En quoi l’ergothérapie peut-elle aider mon enfant qui présente un TSA?
Développement de l’autonomie
L’enfant qui présente un TSA acquière souvent plus difficilement certaines étapes du développement de l’autonomie qui viennent presque instinctivement pour les autres enfants. On peut penser par exemple à apprendre la bonne séquence pour s’habiller lorsqu’on va jouer à l’extérieur, pour utiliser la toilette de façon autonome et s’essuyer seul, ou encore pour participer ou réaliser son hygiène au bain ou à la douche. Les enfants ayant un TSA peuvent ne pas passer par cette phase du « moi tout seul » ou « moi capable » qui caractérise la petite enfance. Ils présentent parfois peu d’intérêt à faire la tâche, sont non disponibles pour observer un modèle et imiter pour apprendre les activités de la vie quotidienne, peuvent avoir de la difficulté à comprendre la pertinence de faire une tâche ou encore présenter des difficultés praxiques rendant difficile la planification et la réalisation de séquences de gestes ou de tâches en plusieurs étapes.
Or, l’ergothérapeute a dans son sac une panoplie d’astuces et de stratégies pour aider l’enfant à développer les habiletés requises et le soutenir dans le développement de son autonomie, notamment en décortiquant la tâche en sous-étapes, en soutenant l’organisation des séquences avec des pictogrammes ou en lui faisait des démonstrations et de l’enseignement explicite.
Difficultés sensorielles
C’est bien connu, les enfants présentant un TSA ont presque toujours des atypies dans leur perception et leurs réactions, notamment face aux sons, aux odeurs, aux textures et au mouvement, lesquelles peuvent contribuer aux difficultés d’autorégulation. On peut penser par exemple à un enfant hyper réactif aux plans auditif et tactile qui se retrouve dans un groupe en CPE avec plusieurs autres jeunes enfants qui pleurent et « entrent dans sa bulle ». Son cerveau se retrouve submergé par un trop plein d’informations et, comme une bombe à retardement, il finit par exploser ! Au contraire, un enfant en recherche sensorielle peut se mettre en danger en grimpant sur les meubles, créer des conflits avec ses pairs en les touchant démesurément ou car il fait des bruits de bouche incessants. Autant de comportements que ces enfants ne contrôlent pas et qui s’avèrent en réalité la façon qu’ils ont trouvée pour combler les besoins de leur système nerveux.
L’ergothérapeute peut identifier ces différences individuelles, apporter une meilleure compréhension des particularités sensorielles et les prendre en considération pour optimiser le fonctionnement de l’enfant. Cela peut inclure, par exemple :
- La modification de l’environnement de façon à minimiser les stimuli sensoriels dérangeants et en donnant des opportunités de combler les besoins sensoriels d’une façon socialement acceptable (ex : donner des pauses actives dans la journée de l’enfant plutôt que celui-ci touche les autres enfants et les objets de façon excessive ou saute dans les escaliers)
- La recommandation d’outils sensoriels variés et adaptés aux besoins de l’enfant : ce n’est pas parce qu’un jouet ou un objet est qualifié de sensoriel qu’il sera adapté aux besoins de tous les enfants ayant des particularités sensorielles! Il faut donc en comprendre les mécanismes sous-jacents (présence d’une hyper ou d’une hypo réactivité) et les impacts possibles afin de les utiliser de façon optimale, ce avec quoi l’ergothérapeute peut vous accompagner.
- Des interventions/thérapie en clinique qui permettront, via des activités sensorielles variées et des exercices à domicile, de favoriser une meilleure intégration sensorielle.
Soutien au jeu
Les enfants avec un TSA présentent souvent un jeu plus restreint (ex : répètent les mêmes actions, passent d’une activité à l’autre sans s’y attarder, ne s’engagent pas dans du jeu de faire semblant), ou encore persistent à jouer en parallèle d’autres enfants sans arriver à avoir une interaction spontanée avec eux dans le jeu. L’ergothérapeute, à travers ses interventions, peut améliorer la capacité de l’enfant à s’engager de façon soutenue dans un jeu et l’aider à développer son intérêt pour le jeu partagé.
Intégration dans son milieu de vie
L’ergothérapeute travaille en collaboration avec les éducatrices à la petite enfance, les enseignantes, les éducatrices spécialisées, les parents et les autres adultes présents dans la vie de l’enfant. Son implication permet de soutenir le développement de l’enfant pour assurer une meilleure adéquation avec les demandes de son milieu, mais également d’épauler les partenaires pour faciliter le fonctionnement de l’enfant et optimiser leurs interventions auprès de celui-ci. Par exemple, l’ergothérapeute peut recommander l’adaptation de l’horaire de l’enfant, ajouter des pauses sensorielles ou autres stratégies dans la routine, donner des conseils afin de soutenir la prévisibilité des routines (ex. : ajout d’horaire visuel imagé) et faire du coaching aux différents intervenants pour favoriser une meilleure compréhension du profil de l’enfant (forces et défis aux plans sensoriel, moteur, perceptivo-cognitif) et une meilleure réponse à ses besoins.